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Un début de saison des kiwis chaotique !

Du 20 mars au 8 avril 2025

Après 4 mois de vacances à temps plein, il est temps de retravailler un peu et de renflouer la banque pour financer les prochains voyages après la Nouvelle-Zélande.

On s’installe dans le camping qui va être notre maison pour les prochains mois. Ce n’est pas le grand luxe (un peu laissé à l’abandon et pas très propre), mais ça fera largement l’affaire. Le camping est situé à seulement 5 petites minutes du boulot, et on a accès à des espaces communs (une cuisine, un salon, une salle à manger), ainsi qu’à des toilettes, des douches chaudes et des machines à laver. C’est donc déjà bien plus que ce à quoi on s’était habitué ces derniers mois.

On a choisi de faire ce boulot sur les recommandations de backpackers qui y avaient travaillé la saison dernière. C’est un bon plan pour faire beaucoup d’heures, et donc pas mal d’argent, en peu de temps. Le travail consiste tout simplement à bosser dans une usine pour emballer des kiwis destinés à l’export international.

Les principaux rôles des backpackers sont :

  • La construction des boîtes en carton.
  • Le grading : trier les kiwis entre "bon", "moyen" et "poubelle".
  • Le packing : réceptionner les kiwis dans les boîtes, s’assurer qu’il y a le bon compte et fermer la boîte.
  • Le stacking : mettre une étiquette sur les boîtes de kiwis prêtes et les empiler sur les palettes.

Vianney est tout de suite mis au stacking, le rôle le plus physique de l’usine, et moi on me met direct au grading, le rôle le plus chiant et que très peu de monde veut faire.

Notre première journée est une journée de 11h (on a 1h15 de pause répartie sur la journée, dont 30 minutes à midi pour manger). Au total, on est payé pour l’équivalent de 10h30 de travail pour 11h de présence à l’usine, ce qui est plutôt pas mal.

Nos premières impressions sont plutôt bonnes : certes, le travail n’est pas passionnant et les journées sont longues, mais on fait beaucoup d’heures, ce qui est top. Et surtout, tout le management est vraiment super bienveillant. On vient nous voir plusieurs fois par jour pour s’assurer que tout va bien, et on nous propose régulièrement de nous remplacer quelques minutes pour aller boire un coup, passer aux toilettes ou juste respirer un peu.

On commence par enchaîner 4 jours de 11h, ce qui est une super nouvelle pour le porte-monnaie. Mais de mon côté, je commence à vraiment fatiguer au grading. Contrairement aux autres postes où on peut marcher un peu ou lever la tête de temps en temps quand la chaîne ralentit, le grading, c’est un poste où on reste complètement immobile, sans aucun temps mort. Les kiwis défilent en continu sur un tapis roulant, et il faut attraper les mauvais au passage pour les jeter. Le temps semble extrêmement long, et ça fait mal aux yeux et à la nuque. Je suis capable de le faire de temps en temps, mais pas pendant des heures et des heures plusieurs jours d’affilée.

Au bout du 3ème jour, j’explique donc à ma superviseuse que j’ai un peu de mal avec ce poste et que j’aimerais bien pouvoir changer de temps en temps si c’est possible. Elle me répond avec énormément de bienveillance qu’elle comprend tout à fait, et me met au packing dès le lendemain. Et là, c’est vraiment le jour et la nuit. Au packing, il y a plusieurs actions différentes à faire, on peut marcher un peu, bouger la tête, et les journées passent beaucoup plus vite. C’est un vrai bonheur comparé au grading. Pendant les jours suivants, j’ai donc pu alterner entre grading et packing, et c’était bien plus agréable pour moi.

On est globalement super surpris par l’ambiance et la bienveillance de toute l’équipe dans l’usine. Ce n’est pas du tout ce à quoi on s’attendait, et c’est une très bonne surprise.

La journée se déroule comme ça :

  • Premier roulement de 8h à 10h
  • Pause payée de 15 min
  • Deuxième roulement de 10h15 à 12h30
  • Pause repas de 30 min
  • Troisième roulement de 13h à 15h
  • Pause payée de 15 min
  • Quatrième roulement de 15h15 à 17h
  • Pause payée de 15 min
  • Cinquième roulement de 17h15 à 19h

Les pauses correspondent au temps d'arrêt de la machine, donc entre le moment où on quitte notre poste et celui où la chaîne reprend, il y a 15 minutes. Le temps de marcher jusqu’à la salle de pause, d’enlever son tablier, de se laver les mains, puis de refaire le chemin inverse pour reprendre le boulot, il reste en réalité environ 10 minutes de "vraie" pause.

Le management sait que ce n’est pas énorme, alors pour optimiser au max nos pauses, une personne prépare à l’avance des boissons chaudes (thé, café, etc.) pour que tout soit prêt. Comme ça, au moment de la pause, il n’y a plus qu’à attraper sa tasse, boire et se reposer un peu.

Je ne sais pas si c’est comme ça dans toutes les usines en France, mais ce n’est clairement pas l’image que j’avais. Globalement, ils essaient vraiment de nous chouchouter. On a régulièrement droit à des gâteaux, des glaces, ou même des boissons fraîches pendant les pauses pour nous rebooster un peu.

Ce qui nous a aussi surpris, c’est qu’une grande partie des travailleurs dans l’usine sont locaux. Les backpackers ne sont pas majoritaires, mais on a quand même formé un bon petit groupe d’une dizaine de Français avec qui on s’entend super bien.

Tout était tout beau, tout rose pendant cette première semaine, mais la réalité du travail saisonnier et de la dépendance à la météo nous a vite rattrapés. Après six jours de boulot, on pensait simplement partir en week-end… mais on a très vite été contactés pour nous dire que les prochains fruits ramassés n’avaient pas passé les tests et ne pouvaient pas encore être récoltés. Résultat : un jour de repos supplémentaire, en restant “en alerte” pour un redémarrage le lendemain.

Puis la pluie est arrivée, ce qui a rendu les tests impossibles. Et là, tous les jours on recevait un message qui repoussait la reprise au jour suivant. Ça a duré… sept jours. Ensuite, ils sont passés à des annonces tous les deux jours, pour espacer un peu plus les mauvaises nouvelles.

On vient finalement d’avoir un appel du management qui nous explique que la saison connaît un creux : les fruits ne sont pas encore prêts à être récoltés. Ils nous rassurent en disant que le travail n’a pas disparu, il est juste décalé dans le temps. On ne sait pas encore combien de jours (ou de semaines…) ça va durer, mais on croise les doigts pour que ce soit rapide. En attendant, on perd un peu l’opportunité de gagner de l’argent ailleurs.

Heureusement pour nous, on a prévu de rester ici jusqu’à la fin de la saison et on a un peu de marge, donc on devrait faire nos heures à un moment ou un autre. Mais ce n’est pas le cas de certains de nos amis qui bossent avec nous : ils ne peuvent pas rester jusqu’à la fin, donc pour eux, c’était maintenant qu'il fallait que ça tombe...

On goûte vraiment à l’incertitude et à l’inconfort de ne pas savoir quand aura lieu la prochaine rentrée d’argent. Même si on n’est pas du tout à sec, et qu’on ne dépend pas de cet argent pour manger à la fin du mois, on a quand même des projets bien avancés (des billets d’avion déjà payés, notamment) qui reposent en partie sur de l’argent pour l’instant… fictif. Celui qu’on est censé gagner pendant la saison des kiwis, et celui qu’on espère récupérer en vendant la van (même si on n’a aucune idée de combien on va réussir à en tirer).

En parallèle, on continue à payer le camping, donc on a quelques frais… mais aucun revenu. On commence donc à s’impatienter un peu, et à stresser un peu aussi : est-ce qu’on aura assez d’argent au final ou pas ? On croise les doigts, mais à force de faire et refaire nos calculs dans tous les sens, on commence un peu à tourner en bourrique.

On reste conscients malgré tout de notre chance : on vit ça dans le cadre d’une année d’aventure, et cet argent sert à financer des vacances — pas à payer notre loyer ou notre nourriture. On n’ose pas imaginer ce que ce serait de vivre ce genre d’instabilité au quotidien, dans la "vraie" vie. C’est le genre de truc qu’on essaiera de ne pas oublier une fois rentrés en France, avec des CDI, un salaire stable, et cette tranquillité d’esprit qui paraît parfois si normale… mais qui est en réalité un vrai luxe.

Heureusement, pour se changer un peu les idées pendant cette longue pause, on a quelques petites sorties à faire autour du camping et on peut passer du temps avec les copains de l’usine.

On a fait une petite promenade à Cathedral Cove, une sortie à New Chums Beach et un lever de soleil à Hot Water Beach. On a aussi organisé plein de soirées jeux ensemble pour se détendre un peu. 

Notre matinée à Hot Water Beach était assez magique. C'est une plage en Nouvelle-Zélande où tu peux creuser ton propre bain thermal. Sous le sable, il y a des sources d’eau chaude, et en creusant un trou, tu peux créer un jacuzzi naturel. Il faut y aller à marée basse pour en profiter et faire attention où tu creuses, car l'eau peut atteindre 60°C à certains endroits. On a choisi exprès un jour où la marée basse coïncidait avec le lever du soleil pour y aller. Nos amis l'avaient déjà fait, donc ils savaient exactement où creuser, ce qui nous a bien facilité le processus.

On commence donc à creuser notre petit jacuzzi, mais quelques instants après, une grosse vague d'eau bien froide vient tout détruire... Alala, mère nature aime bien nous challenger.

Mais on ne se laisse pas abattre et on reconstruit notre mur encore plus fort, en faisant un petit couloir d'eau au niveau de la source pour réguler la quantité d'eau chaude qu'on fait entrer dans le jacuzzi. Après la reconstruction, nous voilà bien installés pour admirer le lever du soleil. On est arrivés les premiers sur la plage, donc on a la meilleure place, mais il ne faut pas se fier à la photo : derrière nous, il y avait des dizaines de personnes qui étaient arrivées pour aussi construire leur petit jacuzzi. Ils n'étaient juste pas au premier plan comme nous !


Mais bon, c’est sympa quelques jours, mais on veut vraiment limiter les dépenses et les sorties pour faire entrer de l’argent, donc on essaie de ne pas trop bouger non plus.

On commence à s’impatienter et on espère que le prochain article de blog sera pour vous dire à quel point on est crevés d’enchaîner les journées de travail non-stop ! Ce serait bon signe : ça voudra dire que l’argent commence enfin à rentrer !


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