Ils ne mentent pas quand ils disent que le Fiordland est l’un des endroits les plus pluvieux du monde. Situé au sud-ouest de l’île du Sud, ce parc national abrite des fjords spectaculaires et de superbes randonnées… du moins, on imagine. On y a passé une semaine dans l'espoir de faire deux randonnées qui nous faisaient très envie. Mais il a plu tous les jours, sans répit ! Et malheureusement, avec la pluie, les randonnées deviennent dangereuses donc on a même pas essayé de braver la pluie et d'y aller quand même. Alors, on a attendu patiemment dans différents campings, espérant que ça se calme.
Heureusement, on avait une petite escapade spéciale prévue pour clôturer notre séjour : une nuit sur l’un des fjords. Dans le Fiordland, seuls deux fjords sont accessibles au public. Le plus connu, Milford Sound, attire la majorité des visiteurs car il est plus facile d’accès (on y retourne bientôt). On a choisi d'explorer en premier Doubtful Sound, plus difficile d’accès, pour vivre une expérience encore plus isolée avec une croisière de nuit.
L’aventure commence par une traversée d’une heure en bateau sur un lac. La pluie est au rendez-vous, bien sûr, mais les paysages sont déjà très mystiques et magnifiques.
De l’autre côté du lac, un bus nous attend pour une heure de route jusqu’au fjord. On s'arrête à différents points de vue, et la pluie et les nuages continuent de nous plonger dans une atmosphère très mystique. Au final, c’est dans ce décor que le Fiordland dévoile son vrai visage et son état la majorité de l'année : sauvage et humide.
On arrive enfin au fjord et on découvre notre bateau pour les 18 prochaines heures : le Milford Wanderer. Et là, surprise ! Le bateau, normalement conçu pour accueillir 36 passagers, n’en compte que 10 ce soir. Autant dire qu’on se sent déjà privilégiés. Cerise sur le gâteau : on avait réservé la chambre la moins chère, mais on a été surclassés gratuitement ! Le bateau est magnifique avec une décoration très chaleureuse, et avec si peu de monde à bord, il paraît immense.
L’équipage est composé de six personnes : le capitaine, le chef cuisinier, un guide nature et trois membres d’équipage. Tout ce beau monde pour notre petit groupe ! Avec un ratio d’un membre de l’équipage pour moins de deux passagers, on a presque l’impression d’avoir privatisé le bateau rien que pour nous !
On est accueillis avec des scones tous chauds, une boisson chaude et avec la pluie dehors on se sent comme dans un petit cocon très chaleureux.
On est accueillis à bord avec des scones tout juste sortis du four, accompagnés d’une boisson chaude. Avec la pluie on se sent comme dans un petit cocon chaleureux. Le guide nous dit qu’il n’y a pas eu une journée sans pluie depuis trois mois ! Mais la pluie a aussi son avantage : elle fait apparaître des cascades éphémères partout dans le parc. La pluie est très important pour le décor puisque 98 % des cascades du Fiordland n’existent que lorsqu’il a plu suffisamment dans les 24 dernières heures. Et avec tout la pluie qu'il y a eu cette semaine, les cascades sont au rendez-vous !
On avance doucement dans le fjord, à la recherche d’un endroit abrité du vent pour sortir les kayaks. Malgré la pluie, tout le monde est motivé ! Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de faire du kayak dans un fjord !
Après le kayak, on est tous trempés. Alors, pourquoi ne pas pousser le défi encore plus loin avec une baignade dans le fjord, dans une eau à seulement 11 degrés ? On enfile nos maillots, on grimpe tout en haut du bateau… et on saute !
Enfin, c’est comme ça que ça s’est passé pour Vianney. Moi, de mon côté, j’étais très occupée à imaginer les dizaines de requins blancs qui m’attendaient dans l’eau. Après tout, ils vivent au sud de l’île du Sud, juste à la sortie du fjord. Ce n’est pas si improbable qu’un d’entre eux ait décidé de venir faire un tour jusqu’à moi ! Autant dire que je n’étais pas confiante du tout. Le kayak était déjà un challenge pour moi alors nager encore plus !
Sans oublier que l’eau du fjord est incroyablement sombre et profonde : on ne voit absolument rien sous la surface. Cette couleur si foncée vient des tanins libérés par la végétation environnante. Les forêts qui bordent les fjords laissent tomber des feuilles et des écorces dans les rivières et les cours d’eau qui se jettent dans le fjord. Ces tanins teintent l’eau d’un brun foncé, un peu comme une gigantesque tasse de thé noir.
Mais bon, je ne voulais pas repartir avec des regrets. Alors, j’ai pris une grande inspiration, rassemblé tout mon courage… et j’ai sauté ! Sur le moment, je n’ai même pas pensé à la température glaciale. Mon seul objectif ? Remonter sur le bateau le plus vite possible avant de devenir le dîner d’un requin !
Après la baignade, j’ai discuté avec le guide nature, qui a déjà travaillé au sud de l’île du Sud, sur l’île Stewart. Il m’a confié qu’il a vu un jour un requin blanc de plus de 4 mètres dans ces eaux-là. Comme par hasard, pas très loin des fjords ! Heureusement que je n’ai pas eu cette information avant de sauter, sinon je pense que ça m’aurait découragée.
Après la baignade dans une eau à 11 degrés, une bonne douche chaude nous attendait. Et, surtout, un bon repas chaud avec une vue imbattable sur le fjord !
On passe la soirée à discuter et échanger avec les autres passagers avant de filer se coucher, car le réveil est prévu tôt : petit déjeuner servi à 7h.
Le lendemain, l’atmosphère mystique est toujours là, mais le vent et la pluie se sont enfin arrêtés. On profite donc de la matinée à l’avant du bateau, à admirer les paysages qui défilent lentement et à discuter avec le guide nature.
Et là, encore une surprise : on aperçoit des dauphins ! On se rapproche doucement, et ils viennent même jouer avec le bateau !
Le guide n’en revient pas. Cela faisait très longtemps qu’ils n’avaient pas vu de dauphins dans les fjords. On a vraiment beaucoup de chance ! C’est la saison des petits, et un bébé accompagne le groupe. Les dauphins restent donc prudents et ne jouent pas trop longtemps près du bateau. Leur passage a été rapide, mais c’était un moment absolument magique.
On continue notre balade à travers le fjord et on passe devant la cascade la plus haute de Nouvelle-Zélande (et d’Australie) ! Une cascade de 838 mètres, rien que ça !
Ça y est, il est 10h, la croisière touche à sa fin et il est temps de refaire le chemin inverse. Au retour, la vue est un peu plus dégagée, et on peut même admirer le fjord depuis les hauteurs de la montagne !
Maintenant, on rentre à Queenstown pour préparer l’arrivée de papa, maman et Thomas dans quelques jours !