Après une très bonne semaine à empiler des cailloux sur le bord de la route, il est temps de retourner à l’usine pour emballer des kiwis. On est mercredi 21 avril, et on se donne une petite deadline : on bossera jusqu’au mercredi 28 avril, puis direction Auckland pour vendre le van. Ça nous fait du bien de poser une limite claire, au moins on sait combien de temps il nous reste à tenir.
Vendredi, on a rendez-vous au garage pour un entretien complet du van et pour passer le contrôle technique (appelé WOF en Nouvelle-Zélande). Et là… mauvaise surprise. On échoue le WOF à cause d’un souci d’humidité dans un des phares avant. La facture est déjà de 460 $ pour l’entretien et le WOF, et on nous annonce encore 500 $ de réparations pour remplacer complètement le phare.
Théoriquement, on a 28 jours pour refaire le WOF gratuitement dans le même garage si on règle le problème entre-temps. Sauf qu’il n’y a plus de créneaux disponibles avant plus d’une semaine… et nous, on a prévu d’être à Auckland d’ici là pour commencer les visites et mettre le van en vente. Pas top comme timing.
On en parle au boulot le lendemain avec quelques collègues néo-zélandais, qui nous suggèrent d’aller fouiner dans les casses autour d’Auckland pour essayer de trouver un phare d’occasion et limiter les dégâts côté budget. Bonne idée !
Ce même samedi, c’est le dernier jour de travail pour pas mal de nos copains de l’usine, et on apprend qu’il n’y aura pas de boulot le dimanche. En plus, la météo s’annonce pourrie toute la semaine suivante… Autant dire que la motivation prend un coup. Avec tous ces éléments (les copains qui s’en vont, moins de boulot que prévu, le ras-le-bol général, et les réparations à faire), on prend la décision que c'est notre dernier jour. On préfère partir plus tôt pour Auckland et se donner le temps de gérer toutes les démarches tranquilles.
Et voilà, c’est la fin de notre mission kiwis ! Pour marquer le coup, on se retrouve tous au pub pour un dernier verre et une dernière partie de fléchettes avec tous les copains !
On profite d’être une dernière journée au camping pour essayer de limiter les coûts pour les réparations du van. On décide de démonter le phare et de le sécher au sèche-cheveux, puis de le réinstaller. Il n'y a plus d’humidité ! On vient peut être d’économiser 500 $ et il ne reste plus qu’à trouver un endroit pour repasser le contrôle technique et vérifier tout ça.
Du coup, on prend la direction d’Auckland avec un plan clair : s’occuper du contrôle technique et prendre enfin la vente du van un peu plus au sérieux. Ça fait déjà deux semaines qu’il est en ligne sur Facebook… mais c’est le désert. Aucun message sérieux, aucune visite. En même temps, le marché est complètement saturé en ce moment : des tonnes de vans à vendre, très peu d’acheteurs, et les prix qui dégringolent. On voit passer plein de publications de gens désespérés qui bradent leur van parce qu’ils ont un avion à prendre dans deux jours.
Ça nous stresse un petit peu, alors on préfère prendre un peu d’avance et retravailler notre annonce pour espérer sortir du lot.
Ça y est, on prend enfin la route mais… le van ne démarre pas. Plus de batterie. Sauf que cette fois-ci, on n’a pas laissé les feux allumés, donc on ne comprend pas trop pourquoi. Enfin bon, on ne s’inquiète pas trop, on se fait aider pour le redémarrer et on part.
Ce qu’on ne sait pas encore, c’est que ce n’est que le début des ennuis.
Au bout de 40 minutes de route, on perd complètement en puissance, le van se met à trembler, à brouter, et le voyant moteur s’allume. On ne comprend rien. On se regarde et on se dit que ce n’est pas possible… pas une panne moteur maintenant, alors qu’on part justement pour le vendre, et qu’il sort tout juste du garage !
On termine tant bien que mal les 20 minutes de route qu’il nous reste pour rejoindre la ville la plus proche, en croisant les doigts pour ne pas tomber en panne avant d’y arriver… et éviter une dépanneuse hors de prix.
On arrive en ville et on ouvre le capot. Une bougie est sortie de son emplacement. On pense d’abord que ça doit venir du garage dans lequel on vient de faire une révision complète il y a deux jours, peut-être qu’ils l’ont mal remise. On les appelle dès le lendemain matin, mais ils nous assurent qu’ils n’ont pas du tout touché aux bougies, et qu’il est vraiment très rare qu’une bougie sorte toute seule comme ça. Super.
Vianney essaye tant bien que mal de la remettre en place pour qu’on puisse au moins rouler jusqu’à un garage, mais on n’a pas les bons outils et, franchement, on n’est pas très rassurés. Alors on part à la recherche d’un garage dans Thames qui pourrait regarder ça. Mais là, rebelote : le van ne démarre pas. Batterie complètement à plat. On se fait encore aider pour le redémarrer et on repart en quête d’un garage qui aurait un peu de temps pour nous. Au deuxième essai, on tombe sur un garage qui accepte de jeter un œil dans la matinée. On lui laisse le van et on va se promener, en attendant son appel pour savoir à quelle sauce on va se faire manger.
Une heure plus tard, il nous rappelle : 330 $ de réparations. Pas idéal, mais pas catastrophique non plus. On en profite pour lui demander s’il peut nous faire le WOF en même temps, histoire que ce soit enfin bouclé, en croisant les doigts pour qu’il ne trouve pas un nouveau problème.
Deux heures plus tard, on repart avec un van tout neuf, WOF dans la poche, pour une facture totale de 400 $. Nous qui pensions avoir économisé 500 $ en séchant notre feu, cette économie a vite été rattrapée par d’autres frais. C’est quand même fou comment ces choses là arrivent. On partait pour le vendre, il sortait tout juste du garage… et c’est à ce moment précis qu’une panne moteur débarque. Et un problème franchement étrange, qui n’arrive quasiment jamais. Une vraie drôle de coïncidence.
Mais bon, on est quand même contents que le garage ait pu tout réparer dans la matinée. On peut enfin se concentrer sur la vente.
Et c’est à ce moment-là, en sortant du garage, qu’on reçoit un premier message pour une visite le lendemain à Auckland. On est bien contents. Dans la même après-midi, on reçoit trois autres messages de personnes intéressées, donc on commence à organiser les visites.
On prend la route pour Auckland sans souci : le van démarre normalement, plus de voyants, plus de bruits bizarres. Ouf.
C’est l’heure de notre première visite. Un certain Thomas, qui vient de Pau, cherche un van depuis deux semaines. Malgré tout ce qu’il y a sur le marché en ce moment, il n’a pas encore trouvé chaussure à son pied. On s’entend vraiment très bien avec lui, et le van lui plaît beaucoup. Il a un budget un peu serré par rapport à ce qu’on espérait, mais il a les étoiles plein les yeux, et on sent que c’est vraiment un coup de cœur pour lui. On a trop envie de lui faire profiter de notre petite maison sur roues.
Après quelques négociations, on tombe d’accord sur un prix qu’il est prêt à mettre et qui nous convient aussi. On ne court pas après l’argent, et on préfère baisser un peu notre prix maintenant pour être tranquilles, plutôt que de perdre du temps, de stresser et finir par devoir le brader à la dernière minute. Rien ne garantissait que les autres visites auraient abouti, et là, on a la chance de tomber sur quelqu’un avec qui ça matche vraiment.
On trouve que c’est une belle manière de s’en séparer. C’est aussi ça, le but de ce voyage : les rencontres et le partage. Et puis, c’est l’occasion de tourner la page avec l’esprit léger, sans avoir à zoner à Auckland à attendre, et pouvoir profiter à fond de notre dernier mois pour vivre encore d’autres belles aventures.
On la prend !
En plus de ça, c’est un Français, donc ça facilite la transaction bancaire. Tout s’est bouclé en 24h : une visite, un prix qui nous convient, un appel à la banque, un virement instantané et c’est réglé. Il nous laisse quand même le van une dernière nuit, histoire qu’on puisse prendre un bus le lendemain pour rejoindre notre prochain HelpX, où nos hôtes nous attendent pour une nouvelle aventure.
Ces dernières 72h sont passées à une vitesse folle, c’était vraiment les montagnes russes, mais ça se termine bien et on a le sourire. Finalement, tout s’est bien goupillé et on est heureux !! On s’assure l’argent qu’il nous faut pour voyager sereinement, rentrer avec un petit matelas, et on a offert une belle opportunité à quelqu’un avec un budget un peu serré qui a vraiment eu un coup de cœur pour notre van.
On est contents que notre van ait tenu fidèlement toute l’année. Il nous a réservé deux petites surprises pour la fin, mais rien de trop méchant. Plus de peur que de mal, et surtout, on ne garde que bons souvenirs de ces nombreux mois passés avec lui !